top of page

ENTRETIEN AVEC
CHARLOTTE MATZNEFF

Charlotte matzneff © Céline Nieszawer 12.jpg

Photo ©Céline Nieszawer

En sortant de sa formation à l’Ecole Claude Mathieu, Charlotte Matzneff  fonde sa compagnie Le grenier de Babouchka qu’elle co-dirige avec Jean-Philippe Daguerre depuis. Comédienne, on l’a vue dans nombre des mises en scène de Jean-Philippe Daguerre, dont " Adieu monsieur Haffmann ", pièce qui a reçu quatre Molières en mai 2018 et « Le petit coiffeur » qui s’est joué presque deux ans au Théâtre Rive gauche. 

 

Elle a joué « Cyrano de Bergerac » et « Le cid » au Theatre du Ranelagh, « Eurêka » et « La flûte enchantée » au theatre des Varietes, « Le bourgeois gentilhomme » au Théâtre de la Porte Saint Martin, « Les Femmes savantes » au Théâtre du Gymnase, « Alice au pays des merveilles »  au Théâtre Saint Georges et « Les Précieuses Ridicules » au Théâtre des Variétés. Elle est également la fondatrice de la Compagnie "Le Grenier de Babouchka", qu’elle co-dirige avec Jean-Philippe Daguerre. Par ailleurs, elle a joué pour Antoine Séguin dans « Tragique Academy » à la Comédie de Paris, pour Madeleine Burguet dans « Prime Time » au Théâtre des Mathurins... Elle goûte également au cinéma dans « La Chambre des officiers » de F. Dupeyron et « Par suite d’un arrêt de travail du personnel » réalisé par F. Andrei et tourne dans de nombreux  téléfilms (« Les Thibault » réalisé par J-D. Verhaeghe, « Le cri » réalisé sé par H. Baslé, « Hôtel de France » réalisé par P. Monnier. 

Elle s’attelle à la mis en scène pour la première fois en 2017 avec « Le médecin malgré lui » qui s’est joué dans un premier temps au théâtre Michel et qui n’a cessé de jouer depuis (au Théâtre Rive gauche, au théâtre le Ranelagh et partout en France) puis pour la deuxième fois en 2019 avec « Arlequin serviteur de deux maîtres » de Carlo Goldoni qui s’est joué au festival d’Avignon au théâtre du Roi René puis au théâtre le Ranelagh à Paris. Elle signe la mise en scène des Trois mousquetaires (et en co-signe l’adaptation avec Jean-Philippe Daguerre). Spectacle qui a remporté un gros succès au théâtre Le Ranelagh l’hiver dernier et qui se joue actuellement au Théâtre Montparnasse. Elle vient de signer la mise en scène d’une pièce co-écrite par Julien Delpech et Alexandre Foulon « Les Téméraires » qui se joue actuellement à la Comédie Bastille. 

Comment définiriez-vous votre style de mise en scène ?

J'aime le théâtre populaire. Au sens noble du terme. Le théâtre qui permet, grâce à différentes grilles de lecture, d'être accessible à tous. Un théâtre qui ne met personne à la porte. J'aime le théâtre qui parle à notre coeur avant de parler à notre tête. Il n'y a, à mon sens, pas meilleur moyen pour provoquer la réflexion. Le prisme de l'émotion est le meilleur vecteur pour aboutir à une véritable identification du spectateur et donc pour le conduire à la pensée critique. Faire vibrer d'émotions les spectateurs est ce que je cherche avant tout. La musique et le chant sont de ce fait omniprésents dans mes mises en scène. Le corps y est également très engagé. J'aime qu'un personnage se raconte avant tout par sa gestuelle. Mes mises en scènes sont guidées par le rythme. Le rythme du corps. Le rythme de la langue. Le rythme de la musique. Je suis obsédée par le tempo du spectacle. Celui intrinsèque à chaque scène et celui qui fait le tout d'un spectacle. Celui qui unifie et qui rassemble et qui fait que tous les comédiens sont à l'unisson pour raconter la même histoire.

Comment recrutez-vous vos comédien.ne.s ? Et qu’attendez-vous d’eux ?

Je les recrute sur audition généralement mais il m’arrive aussi d’embaucher des comédiens en faisant confiance à mon instinct. J'ai engagé certaines personnes sans les avoir vues jouer parce qu'elles m'avaient été recommandées par des personnes de confiance et que je les sentais réceptives à mon travail. J'attends d'un comédien qu'il m'accorde sa confiance. Il me semble qu'on ne peut pas travailler sans avancer main dans la main. J'ai une passion dévorante pour les comédiens, les musiciens, les chanteurs, les danseurs et de manière générale, pour tous les artistes qui sont au plateau. C'est eux qui font la saveur du plat. Si une idée est mauvaise, je la balaye très facilement. Mais pour se rendre compte de ce qui marche et de ce qui ne marche pas, j'ai besoin, pour mieux diriger, de pouvoir essayer, de pouvoir effacer, de recommencer et que le comédien me suive jusqu'au bout de mes idées.

Selon vous, quel est le rôle d’un metteur en scène ? Et comment faire une bonne mise en scène ?

Le rôle d'un metteur en scène est, avant tout, de raconter une histoire. Et pour servir au mieux une histoire, il faut sublimer les comédiens qui la racontent. Si le comédien est heureux de jouer et de défendre son rôle, la moitié, pour ne pas dire les trois quarts de notre mission, est remplie. J'imagine pas mal de choses avant de démarrer les répétitions, notamment l'univers dans lequel je veux voyager. Mais le plus important pour moi est de rester ouverte et disponible à toutes les propositions de mes comédiens. Je n'ai aucune idée figée sur la manière dont telle ou telle scène doit ou va se dérouler. Ce qui est merveilleux pour moi, c'est de parvenir à mettre suffisamment mes comédiens en confiance pour qu'ils se sentent force de propositions et qu'ils ne se brident pas. Alors, on a tout gagné.

Quel est le plus gros challenge que vous avez rencontré dans votre carrière ?

Combattre ma timidité. C'est un challenge de tous les jours.

Quelles sont vos plus grandes influences ?

Evidemment ma rencontre avec Jean-Philippe Daguerre est ma plus grande influence. Le voir diriger ses comédiens, le voir parvenir systématiquement à créer des groupes de gens qui s'accordent et se rendent mutuellement meilleurs est quelque chose que j'admire énormément chez lui. Encore une fois, il me semble qu'un comédien heureux est la clé du succès. Et "Le cercle de craie caucasien" mis en scène par Jean-Marie Broucaret a été l'une de mes plus belles émotions au théâtre. Je crois que depuis, je ne cesse de chercher à provoquer chez les spectateurs l'émotion que j'ai vécue alors.

Quelle est la pièce ou le texte que vous rêveriez de monter ?

J’ai très envie de monter « Roméo et Juliette ». Je rêve également de faire une adaptation du roman de Bram Stoker « Dracula ».

Mais mon envie la plus forte est de rencontrer et de monter des auteurs vivants. 

Que souhaitez-vous transmettre durant votre stage au sein du Libre Acteur ?

La joie d'être ensemble. De se rencontrer. Trouver un langage commun qui nous réunisse. D'expérience, je sais que ce langage varie d'un groupe à l'autre. Et c'est toujours une ivresse merveilleuse que de sentir qu'on finit par parler tous ensemble la même langue.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Je travaille sur plusieurs choses en ce moment, et je ne sais pas encore lequel de ces projets va émerger en premier. 

J’ai trois projets d’écriture et de mise en scène mais j’en suis encore au tout début de ces aventures, difficile d’en parler sérieusement. 

bottom of page