top of page

ENTRETIEN AVEC
LÉO COHEN-PAPERMAN

leo - thierry cantalupo 2021.jpg

Formation à la mise en scène au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Directeur de la Compagnie des Animaux en Paradis depuis 2009, il a notamment mis en scène : Petit et Grand d’après Andersen, Le Crocodile et Les Nuits Blanches d’après Dostoïevski, Othello de Shakespeare. En 2020, il co-écrit et met en scène Vie et mort de J. Chirac, roi des Français, et en 2021, Génération Mitterrand, premiers épisodes de la série théâtrale Huits Rois (nos présidents), dont l’objectif est de faire le portrait des huit Présidents de la Ve République, de C. De Gaulle à E.Macron. Il est artiste associé dans plusieurs théâtres.

 

Membre du Nouveau Théâtre Populaire, il a mis en scène La Mort de Danton de Büchner, Roméo et Juliette, Macbeth, Hamlet de Shakespeare, Blanche-Neige d’après Grimm, Le jour de gloire est arrivé, Partage de midi de Claudel, Illusions perdues d’après Balzac, La Possibilité d’une île d’après Houellebecq et Le Tartuffe dans la trilogie Molière Le Ciel, la nuit et la fête. Il a collaboré, en tant qu’assistant à la mise en scène, avec Olivier Py, Jean-Pierre Garnier et Christine Berg.

© Thierrry Cantalupo

Comment définiriez-vous votre style de mise en scène ?

Par sa diversité ! Ces dernières années, mon travail a pris deux directions différentes. D'une part, je travaille à la création de la série théâtrale Huit Rois (nos présidents), dont l'objectif est de faire le portrait des huit Présidents de la Cinquième République, de C. De Gaulle à E. Macron. L'idée est simple : une proposition formelle forte par Président (opéra pour De Gaulle, comédie onirique pour Chirac, arts numérique pour Macron)... Afin de traduire poétiquement et scéniquement chacun des Présidents. Dans ce cadre-là, l'écriture - l'écriture avec l'acteur, avec le plateau - est au cœur du projet. D'autre part, je monte des textes de répertoire avec le collectif du Nouveau Théâtre Populaire, dont je suis un des membre fondateur. Dans ce cadre-là, j'essaye de développer avec les acteurs une pensée du texte et du spectacle, qui soit la plus organique et la plus radicale possible, afin d'aller au bout du geste (quelle que soit la nature de ce geste : si je veux faire une adaptation très contemporaine, alors, je propose de "foncer" dans le contemporain ; si j'opte pour quelque chose de plus classique, j'essaye de confronter les corps d'aujourd'hui aux habits d'hier, etc...). Le point commun de tous mes spectacles, c'est que l'interprète est au cœur du processus de création.

Comment recrutez-vous vos comédien.ne.s ? Et qu’attendez-vous d’eux ?

Je préfère éviter les auditions. J'aime me retrouver, à l'occasion d'un stage ou d'une lecture, en situation de travail avec les actrices et les acteurs, afin de comprendre si ça "fonctionne" entre nous.

Selon vous, quel est le rôle d’un metteur en scène ? Et comment faire une bonne mise en scène ?

Pour moi, un metteur en scène doit d'abord proposer une vision, une pensée du texte et un espace de jeu forts et cohérents. Il doit ensuite créer une synergie collective qui permettra à chacune et à chacun de s'approprier sa pensée et son geste. Cette synergie collective permet - et c'est très important - au metteur en scène d'enrichir son intuition initiale. Comment faire une bonne mise en scène ? Je n'en sais rien ! Est-ce qu'il FAUT faire une bonne mise en scène ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Blague à part, je dirais que travailler le plus possible en amont, en concernant le plus de monde possible (interprètes, collaborateurs et collaboratrices...) permet d'avoir une constance... Et c'est important, la constance : certains spectacles, dans une carrière, sont plus réussis que d'autres. Les succès déterminent un style, marquent un moment dans la vie, permettent d'être identifiés par nos pairs... Mais il importe aussi que nos "ratés" soient... réussis. C'est aussi une qualité de metteur en scène : durer, maintenir une qualité de proposition.

Quel est le plus gros challenge que vous avez rencontré dans votre carrière ?

Monter en 13 jours le Tartuffe de Molière pour le festival IN d'Avignon !

Quelles sont vos plus grandes influences ?

Certains spectacles m'ont marqué : Molière ou la cabale des hypocrite de Franck Castorf, Sentinelles, La Dame de Chez Maxims de Feydeau et Italienne scène et orchestre par Jean-François Sivadier, Ma chambre froide de Joël Pommerat, Democracy in America de Romeo Castellucci, Hamlet de Shakespeare par Thomas Ostermeier, Les Vainqueurs d'Olivier Py, Dom Juan de Molière mis en scène par Yann-Joël Collin, Le Bourgeois, la mort et le comédien par la Compagnie "La nuit surprise par le jour", Notes on the Circus par le collectif Ivan Mosjoukine... Je crois qu'ils ont en commun de ne pas vouloir opposer pensée et émotion, organicité et puissance visuelle. Certains films sont importants pour moi : Valse avec Bachir d'Ari Folman, L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller, Un Prophète de Jacques Audiard, César et Rosalie de Claude Sautet, la série des Antoine Doinel par François Truffaut, Vérités et mensonges d'Orson Welles, les films des Frères Coen (et notamment A serious man, Inside Lewyn Davis et Burn after Reading). Et sinon, un roman qui m'accompagne depuis quinze ans : Illusions perdues de Balzac.

Quelle est la pièce ou le texte que vous rêveriez de monter ?

Je rêve de finir ma série théâtrale Huit rois (nos présidents) en 2027. Il me reste quatre épisodes à créer. Dans le répertoire classique, j'ai très envie de monter Richard II de Shakespeare et l'Orestie d'Eschyle. Enfin, je voudrais, un jour, adapter au théâtre La Chute, le film d'Oliver Hirschbiegel sorti en 2004 (mais je ne sais pas si c'est possible de le faire en français).

Que souhaitez-vous transmettre durant votre stage au sein du Libre Acteur ?

La joie de faire du théâtre ensemble, l'envie de provoquer des rencontres, l'amour du travail collectif, de l'indépendance intellectuelle et de la précision. L'idée, aussi, que travailler vite - et donc, aller à l'essentiel - peut être salvateur.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Je travaille au prochain opus de ma série Huit rois (nos présidents) : Le Dîner chez les Français de V. Giscard d'Estaing, création prévue en novembre 2023 . Je tourne également les deux premiers épisodes de la série : La Vie et la mort de de J.Chirac, roi des Français et Génération Mitterrand. Avec le Nouveau Théâtre Populaire, je tourne le Ciel, la nuit et la Fête (Le Tartuffe / Dom Juan / Psyché de Molière). Avec ce même collectif, je prépare un spectacle-fleuve, Notre comédie humaine, d'après Balzac. Création prévue en mai 2024.

bottom of page