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ENTRETIEN AVEC
ROBIN ORMOND

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Photo : Camille Huguenot

Né en 1993, Robin Ormond a grandi à Strasbourg où il a étudié le jeu auprès de la troupe du Théâtre National de Strasbourg dans le cadre de son baccalauréat entre 2008 et 2011. Il a ensuite étudié à Sciences Po Paris dont il obtient son Master en 2017. Parallèlement à ses études, il monte ses premières productions, dont "Tourista" de Marius von Mayenburg au Théâtre de la Manufacture à Nancy - Lorraine (2013). Il a été assistant metteur en scène au Schauspielhaus Wien puis au Theater Basel, où il assiste, entre autres, Ersan Mondtag et Miloš Lolić. Il a également été assistant de Simon Stone pour "Les Trois Sœurs" à Bâle puis à l’Odéon à Paris et le suit depuis 2017 en tant que collaborateur artistique pour son travail à l’opéra, au théâtre et au cinéma (plus récemment Lucia di Lammermoor, Metropolitan Opera New York, 2022 ; Wozzeck, Wiener Staatsoper Vienne, 2022 ; Unsere Zeit, Residenztheater Münich, 2021, etc.).

Il collabore avec d’autres metteurs en scène, notamment Guy Cassiers, Silvia Costa, Alexander Zeldin, Andrea Breth, Lilo Baur etc.

Robin Ormond est également traducteur, ayant notamment traduit des pièces de Simon Stone et Alexander Zeldin de l’allemand et de l’anglais au français pour l’Odéon-Théâtre de l’Europe à Paris. Il a été soutenu par Artcena et la maison Antoine Vitez pour sa traduction du "Cercle autour du soleil" de Roland Schimmelpfennig et traduit en 2024 "Peu importe" de Marius von Mayenburg pour L’Arche.

Il poursuit également ses propres travaux de mise en scène, en réalisant notamment "La nuit juste avant les forêts" de Bernard-Marie Koltès au Theater Basel puis au Residenztheater de Munich, et "L’Epreuve" d’après Marivaux au Studio-Théâtre de la Comédie-Française (2023) et à La Scala Provence et Paris (2024).

Robin Ormond est enseignant à Sciences Po Paris et fut metteur en scène-dramaturge à l’académie de la Comédie-Française pour la saison 2022-2023.

Saison 2024-2025 (prévu): mises en scène à la Scala Paris, au Nationaltheater de Weimar, et à la Comédie-Française.

Comment définiriez-vous votre style de mise en scène ?

Je suis très attaché aux textes contemporains, à ce qu'ils racontent de nous, et aux formes que les nouveaux récits peuvent trouver au plateau et dans les corps. Il m'est impossible de dissocier mise en scène et écriture, qu'il s'agisse de réécriture, de l'utilisation de l'écrit comme outil de composition de personnages ou de travail d'écriture au plateau. M'inspirant la plupart du temps de textes issus de répertoire, j'essaye d'entremêler ces dramaturgies anciennes avec les vécus des acteur.ice.s, ou les histoires qui les inspirent et qu'iels me racontent. Je sers ainsi plus ou moins de jukebox à textes, et j'écris pour tous au fur et à mesure des répétitions.

Comment recrutez-vous vos comédien.ne.s ? Et qu’attendez-vous d’eux ?

Par affinités artistiques, plus que par un casting où quelqu'un devrait jouer une scène devant un metteur en scène. On se rencontre beaucoup mieux autour d'intérêts communs que dans le hasard et le stress d'un passage de scène. J'attends des comédien.ne.s d'accepter de lâcher-prise, d'aller à la rencontre d'une forme de jeu fine, détaillée, presque cinématographique, qui a toute sa place au théâtre, de la conjuguer à leur savoir-faire, leur technique et leur connaissance du plateau. Il nous faut inventer ensemble la scène, la concevoir et la bâtir au cours du travail, la réécrire en fonction de ce qui se vit au plateau, accepter de ne pas savoir, de perdre, de trouver, tout en essayant de ne jamais reproduire ce qui a déjà fonctionné. Tout cela, dans le souci d'une véritable authenticité, pas d'une construction superficielle.

Selon vous, quel est le rôle d’un metteur en scène ? Et comment faire une bonne mise en scène ?

Un metteur en scène doit avoir l'idée autour de laquelle tout peut s'articuler. Au cours du travail, c'est le regard sur lequel se reposer, contre lequel se révolter. Il est au service des acteur.rice.s, les aide à trouver leur chemin dans le texte. Il doit organiser un espace de jeu dans lequel tous se sentent à l'aise, suffisamment pour être libre et n'avoir jamais la sensation de se tromper, ou quand cela arrive, d'avoir le courage de réessayer le lendemain. Faire une bonne mise en scène, c'est avant tout mettre en valeur les interprètes, parvenir à les faire graviter autour du récit que l'on choisit ensemble.

Quel est le plus gros challenge que vous avez rencontré dans votre carrière ?

Apprivoiser l'échec, tant en répétition, dans l'écriture, que dans le résultat au plateau. Savoir recommencer, être ok avec le fait de ne pas toujours savoir, de ne pas toujours avoir la réponse et être capable de dire: "on y réfléchit, et on trouvera peut-être demain".

Quelles sont vos plus grandes influences ?

Romeo Castellucci, Simon Stone, El conde de torrefiel, Silvia Costa, Andrea Breth, John Cassavetes.

Quelle est la pièce ou le texte que vous rêveriez de monter ?

"Angels in America".

Que souhaitez-vous transmettre durant votre stage au sein du Libre Acteur ?

S'approprier, apprivoiser la création au plateau de textes contemporains. Se départir d'attitudes, d'habitudes, de gestes, de dictions trop souvent vus, entendus et répétés au plateau. S'ancrer dans le réel et le temps présent.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Pour la saison prochaine, une mise en scène à la Comédie-Française, une autre pour la Scala Paris ainsi qu'à Weimar en Allemagne pour laquelle j'écrirai le texte. Je travaille également à la traduction de plusieurs textes, notamment de Will Arbery (Succession, HBO).

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